Résumé :
Source d’estime de soi, de liens et de reconnaissance sociale, le travail expose de plus en plus l’individu à l’angoisse de n’être plus “à la hauteur”, au stress de la compétition, à la souffrance psychique qui pousse certains jusqu’au suicide. L’auteur décrypte l’interaction entre les causes psychiques, sociales et économiques de cette mutation. Au total, le système managérial au service de la performance financière est la cause première du mal-être au travail et non la fragilité des individus. Le nouveau management étend au secteur public les méfaits d’une gestion inhumaine longtemps rodée dans le privé. Les “raisons” de la colère des travailleurs ont ici un double sens : explication de ses causes et validation de la résistance. Car résister, exprimer la colère plutôt que la résignation, est la plus raisonnable des réactions pour éviter que les individus retournent contre eux-mêmes une violence nourrie par ce système.