Résumé :
Dans cet essai, l’auteur part d’un constat simple. Le monde arabe, du Machrek au Maghreb, souffre d’un mal-être diffus, prolixe, persistant. C’est un secret de Polichinelle. La société arabe tire à hue et dia. Conservatisme et modernisme, islamisme et occidentalisme déchirent la jeunesse en deux camps inconciliables. La lecture de l’avenir en est dès lors complètement chamboulée. Qui plus est, aujourd’hui, pour une bonne frange des Arabes, l’avenir réside dans la revivance du passé. Paradoxe extrême s’il en est, car le passé arabo-musulman est justement émaillé d’insuccès. Des échecs que l’auteur repasse en revue depuis la fuite du Prophète à Médine jusqu’au scandale d’Abou Ghraib où le corps arabo-musulman est mutilé, abîmé, vilipendé. Cet épisode est, à bien des égards, l’apothéose de l’humiliation arabe. Les Croisades, l’expulsion de Al-Andalus, le massacre de Bagdad par les Mongols, l’offensive ottomane, l’expédition d’Egypte, la colonisation occidentale, les guerres du Golfe. Autant de cicatrices dans la mémoire collective des Arabes. A ceci s’ajoute les dissensions internes entre Arabes des Califes bien guidés aux Abbassides. Ces discordes leur font très vite perdre aux Arabes le contrôle spirituel voire matériel de l’Islam. Cette religion qui précisément les fera entrer dans l’Histoire universelle, et les constituera comme une civilisation prospère, créative et ingénieuse à part entière. Toute cela représente une névrose socio-historique qui a besoin d’être psychiatrisée. C’est ce que propose l’ouvrage de Farid Bahri dans une perspective de longue durée : trouver dans l’inconscient arabe, l’énigme de cette dépression nerveuse collective qui plombe l’avenir de la sphère arabo-musulmane partout où elle se trouve.