Résumé :
Cet ouvrage examine les transformations du rapport salarial en longue période avec ses cinq composantes: le marché du travail (sa genèse, ses déterminants et son fonctionnement), l’organisation du procès de travail, la codification des relations professionnelles, la formation du revenu salarial et, enfin, son utilisation.
La thèse combine différentes méthodes: élaboration théorique, analyses en coupe historique longue (depuis le Protectorat), examen de données statistiques et d’ajustements économétriques, approches institutionnelles et, last but not least, enquête de terrain.
La recherche suggère une série de conclusions: i) Une caractérisation de la soumission du travail au Maroc en termes de configuration sous-fordiste du rapport salarial. Une telle généralité associe, dans la réalité, deux figures d’usine nettement distinctes: une figure marquée par l’anomie et fonctionnant sur le mode de la « législation sanguinaire» et une seconde figure incorporant la modalité fordiste, mais bien plus par ses aspects techniques que sociaux; ii) Des procédures de codification et d’organisation du rapport salarial à la fois insuffisantes et, surtout, trop peu incarnées dans les rapports sociaux et dans les pratiques des firmes; iii) Avec l’entrée en vigueur du programme d’ajustement structurel en 1983, la flexibilité du travail enregistre une flexion brutale et sans précédent entraînant une accélération des enchaînements sous-fordistes (licenciements de masse, laminage accru du revenu salarial, cheminement et stagnation de la norme de consommation de masse); iv) En se prolongeant, les enchaînements sous-fordistes entraînent une impulsion faible par la demande sociale et une désintrication plus grande entre les structures de production et de consommation de masse.
La recherche plaide en faveur d’une grande transformation des « mondes de production >> centrée sur le principe de la démocratie salariale.